Sa Carrière

Le Général Jh Gaudérique Aymerich, soldat et voyageur infatigable :

Joseph Gaudérique Aymerich est le fils aîné de Férréol-Vincent Aymerich et de Thérèse Marie Moner, mariés le 23 mai 1857 à Estagel.

Il est né à Estagel le 20 février 1858. Il aura deux frères : Jacques Gaudérique (1859-1929) et Etienne Louis (1862-1922). Le premier de ses frères se maria en 1882 avec Marguerite Tricoire et le second en 1888 avec Marie-Thérèse Torreilles. Tous deux eurent une postérité dont une partie vit toujours sur la commune d'Estagel.

Joseph Gaudérique Aymerich n'a que 16 ans au décès de son père en 1874. Deux ans plus tard, en octobre 1876, il devient engagé volontaire pour 5 ans à l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr et est affecté au 15e Régiment d'Infanterie. Il a également suivi les cours de l'Ecole du Génie à Montpellier. A la sortie de Saint-Cyr, il se classe 243e sur 386 élèves.

Durant son séjour à l'Ecole, Aymerich s'intéresse à la technique du fusain. Quelques-unes de ses créations sont toujours chez ses cousins d'Estagel : La Cascade Le Reichenbach, la Femme au Petit Chien, la Dame au Chapeau, le Génie des Arts, une scène champêtre, ainsi qu'un paysage de ruines.

L'une de ces oeuvres est datée de 1877 et porte la mention " 2e division, 1ère compagnie ".

En septembre 1878, il est nommé sous-lieutenant du 15e Régiment d'Infanterie qu'il est censé quitter le 23 octobre 1881 pour passer dans la réserve de l'armée active, mais il n'en est rien. En effet, il est toujours sous-lieutenant au 15e Régiment d'Infanterie de Ligne lors du mariage de son frère Jacques Gaudérique le 21 octobre 1882.

       Jacques Gaudérique Aymerich

Quelque temps plus tard, le 12 décembre 1882, il est nommé lieutenant.

Un an plus tard, il appartient au 29e Bataillon de Chasseurs à pied et est basé à Castelsarrazin.

Le 5 mars 1884, il bénéficie d'une partie du patrimoine d'Etienne Aymerich et de Rose Thérèse Moner, ses oncle et tante, dont il est, avec ses deux frères, l'un des seuls héritiers et dont la valeur se montait à environ 32 200 francs. Il ne peut alors être présent, mais il avait donné sa procuration à cet effet le 09 février précédent. Le 28 du mois suivant il reçoit de sa mère veuve sa part de l'héritage de ses parents, dont la totalité produit alors un rendement annuel de 1 200 francs pour un capital d'environ 30 000 francs et pour laquelle il avait donné sa procuration le 05 avril à Castelsarrazin chez Me Flamens.

Joseph Gaudérique Aymerich est affecté en Tunisie le 22 décembre 1884.

Le 1er juin 1885, il passe avec le même grade au 4e Régiment d'Infanterie de Marine. Quinze jours après, il est nommé lieutenant du 1er Régiment de Tirailleurs Tonkinois et il participe à la guerre du Tonkin dans laquelle il gagnera son grade de lieutenant de première classe le 5 octobre 1885. Lors d'une reconnaissance à Bao-Ha, il est blessé de deux coups de feu et reçoit deux plaies en séton, l'une au bras gauche et l'autre à la cuisse gauche.

Joseph Gaudérique Aymerich est versé le 18 juin 1887 dans le 2e Régiment d'Infanterie de Marine, régiment dans lequel il restera jusqu'après sa nomination au grade de capitaine le 23 avril 1888. Joseph Aymerich est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur par décret du 5 juillet 1887. Outre cette décoration, il gagnera dans cette campagne la médaille du Tonkin.

Une permission lui permet d'assister le 18 janvier 1888 à Estagel au mariage de son frère Etienne.

Etienne Aymerich     

Il est affecté à l'Etat-major Hors Cadre le 12 septembre 1888 et arrive au Soudan en tant que capitaine le 20 octobre. La guerre dans ce pays en 1889 lui vaudra l'agrafe " Soudan " de la Médaille Coloniale. Le 12 octobre 1889, il entre au 1er Régiment d'Infanterie de Marine qu'il quittera le 3 avril suivant pour le 8e Régiment d'Infanterie de Marine.

Vers la même époque, il fait un séjour à Estagel, son village natal. C'est là que, le 10 novembre 1890, il passe son contrat de mariage devant maître Benjamin Bauby, notaire à Estagel, pour se marier avec Fanny Julia, d'Estagel, dont le père, également Chevalier de la Légion d'Honneur, est médecin-major en retraite. Le couple décide de se marier sous le régime de la communauté réduite aux acquêts. La valeur des biens et valeurs mobiliers du marié est alors estimée, selon ses propres dires, à 34 000 francs. La mère de Fanny Julia lui donne 43 obligations (dont une partie est sur le Chemins de Fer du Midi) qui produisent un revenu annuel de 605 francs. La future mariée reçoit également une somme de 21 000 francs qui lui sera versée au décès de ses parents, productive d'un intérêt annuel de 5%, payable par trimestres. Pour garantir cette somme, la mère de la mariée hypothèque 2 champs arrosables à Estagel, lieu-dit Le Pla, ainsi qu'une maison sise dans le même village. Le mariage est célébré à Estagel deux jours après. De leur couple naîtront deux filles : Lucienne Thérèse Mathilde Aymerich, née à Estagel en 1891, marié à Brazzaville (Congo) en 1913 avec René Schnebelin et disparue en mer en 1920 avec ses deux garçons, Robert 4ans et Jean 2 ans, et Mathilde, née Estagel en 1895 et mariée à Paris avec François Coffinières, dont postérité.

Le 20 décembre 1890, conjointement avec son épouse, il donne une procuration en blanc à son épouse, probablement pour régler les problèmes qui pourraient survenir durant les longs séjours outremer.

Le 10 août 1891, Joseph Gaudérique Aymerich est au 3e Régiment de Tirailleurs Tonkinois dans lequel il ne fait qu'un bref passage avant de rejoindre, le 26 du même mois, le Bataillon du Sénégal, en poste dans le pays du même nom. Il ne peut assister à la naissance de sa première fille qui a lieu le 23 décembre 1891, puisqu'il est alors détaché à Saint-Louis du Sénégal. C'est avec ce bataillon qu'il participe à la guerre au Dahomey en 1892 et 1893 durant laquelle il gagne son grade de capitaine de première classe et la médaille du Dahomey.

Il fait un bref passage à Estagel (peut-être s'est- il vu accorder une permission pour passer les fêtes de la fin d'année 1894 en famille) début 1895, ce qui lui permet d'être présent lors de la naissance de sa seconde fille le 31 janvier.

Le 14 mai 1895, il est affecté au Régiment de Tirailleurs Annamites et part pour la Cochinchine où il est affecté à l'Etat-major Hors Cadre. Le premier janvier 1896, Joseph Gaudérique Aymerich est promu officier de l'Ordre Royal du Cambodge. Cette décoration fait suite à celle de Chevalier du Dragon de l'Annam qu'il avait reçue auparavant.

C'est en Cochinchine que Joseph Aymerich devient Chef de Bataillon et rejoint le 8e Régiment d'Infanterie de Marine, puis le 4e.

A son départ de Cochinchine, en 1898, il est à nouveau affecté au Sénégal, dans le 1er Bataillon de Marche du Sénégal, puis au 14 Régiment d'Infanterie de Marine. Il participe dans ce Régiment à la guerre en Côte-d'Ivoire. Durant ce conflit, il est affecté successivement au 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (06 septembre 1900), au 6e Régiment d'Infanterie de Marine (29 décembre 1900) et enfin au 8e Régiment d'Infanterie Coloniale le 16 mars 1901, date à laquelle il est nommé Lieutenant-Colonel.

Joseph Aymerich assiste encore à Estagel le 2 août 1901 au mariage de l'une de ses nièces. Son Régiment est alors basé à Toulon, ce qui explique peut-être le choix de son dernier domicile. Cependant, il est toujours porté comme domicilié à Estagel dans l'acte de 1901.

Joseph Gaudérique Aymerich est promu Officier dans l'ordre de la Légion d'Honneur par décret du 17 avril 1902.

Il est affecté le 29 octobre 1903 à l'Etat-major des Troupes de l'Afrique Occidentale et il prend part à l'expédition du Niger, ce qui lui vaut le 30 août 1907 le grade de colonel avec lequel il rejoint le 1er Régiment de Tirailleurs Sénégalais, puis les 7e et 24e Régiment d'Infanterie Coloniale.

On lui donne le grade de Général de Brigade le 23 mars 1912. Il commande d'abord la 6e Brigade puis est nommé Commandant Supérieur des troupes de l'Afrique Equatoriale le 11 mars 1913. Il est probablement au Congo lors du mariage de l'une de ses filles en novembre de la même année.

Lorsqu'éclate la 1ère Guerre Mondiale, il prend une part importante à la conquête du Cameroun sur les Allemands. La résistance des Allemands est rude. Aussi, Garoua n'est pris qu'en juin 1915, grâce à l'aide de contingents de cavalerie indigène. Le 1er janvier 1916, les alliés rentrent dans Yaoundé. Enfin, après 18 mois de résistance, le Capitaine Raben, retranché à Mora, accepte de se rendre et obtient du Général Aymerich les honneurs de la guerre. Les Anglais et les Français se partagent les pays conquis. L'accord octroie la plus grande partie du Cameroun à la France. Joseph Gaudérique Aymerich est nommé Commissaire de la République dans ce pays le 07 avril 1916. Par décret du mois d'août 116, il fait de la langue française la matière principale de l'enseignement. Son mandat se termine le 08 octobre de la même année. Il est alors remplacé par Lucien Louis Fourneau.

De ses campagnes en Afrique, le Général Aymerich ramena à Estagel un fouet et un sabre indigène (probablement un sabre de l'ethnie Malinke, ou un sabre Guinéen) dans son étui de cuir finement ouvragé. Ce sabre fait partie des souvenirs qu'il a laissé à ses proches parents d'Estagel.

Joseph Gaudérique Aymerich est alors rappelé en métropole pour participer aux opérations sur le front de France. Il est alors Commandant Supérieur de la 2e Division d'Infanterie Coloniale et des éléments des troupes coloniales ne faisant pas partie des formations de campagne du camp retranché de Paris. Il est promu peu de temps après Général de Division.

Le 24 janvier 1917, le Général Aymerich est promu Commandeur dans l'ordre de la Légion d'Honneur avec effet du 24 décembre 1916.

Il entre dans le cadre de réserve le 11 janvier 1920 et est promu Grand-Officier de la Légion d'Honneur par décret du 15 janvier de la même année, avec effet du 5 mars 1921.

Sur la fin de sa vie, le Général Aymerich se lança dans l'écriture. Il préfaça en 1928 l'ouvrage du Lieutenant-Colonel Jean Ferrandi sur la conquête du Cameroun-Nord (1914-1915), puis en 1933 celui du Général E. Howard Gorges sur la guerre dans l'ouest africain (Togo, août 1914, Cameroun, 1914-1916). Enfin, en 1933, il fit paraître chez Payot à Paris un ouvrage in-8 de 215 pages agrémenté de 9 croquis intitulé : " La conquête du Cameroun (1er août 1914-février 1916) " dans lequel il relate toute la campagne, ainsi que son mandat de Commissaire de la République durant l'année 1916.

Le Général de Division Aymerich s'est éteint à Toulon, ville dans laquelle vivent toujours ses descendants directs, le 11 juin 1937.

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