Cimetière wisigoth
 Le 24 décembre 1934 le Maréchal des logis chef Fabregal, commandant la brigade d’Estagel, signale dans un rapport que Mr Averos Joseph, voulant remplacer des pieds de vignes manquants, a trouvé plusieurs sarcophages à 500 mètres d’Estagel.

Construites en dalles de pierre, ces tombes contiennent des squelettes auprès desquels plusieurs sortes de boucles ont été trouvées.

Des découvertes semblables ont déjà été faites dans le passé. D'après M. Bauby, notaire à Estagel, ce cimetière remontant à l'époque Wisigothique (an 600 environ). Il étudie ce cimetière depuis plus de trente ans.

S'en suivent deux rapports de MM. Henri Nodet et Raymond Lantier datés de janvier et aout 1935. Ces rapports permettent d'accorder au mois d'octobre la somme de trois milles francs pour la réalisation des fouilles du cimetière barbare d'Estagel, au lieu-dit "Las Tumbas". Les travaux préliminaires sont réalisés par le musée des Antiquités nationales en accord avec Mr Joffre, architecte départemental et avec la collaboration de M. Averos, propriétaire de la parcelle et Me Bauby, notaire du village.

Une série de sondages a permis de mettre en évidence la disposition générale de la nécropole entre la route de Millas, l'ancien chemin de Montner, les ravins de Linas et de las Clotts. Une faible partie du cimetière a disparu pendant l'établissement de la route de Millas au cours du siècle dernier. Une trentaine de tombes ont été fouillées en 1887, par M. Bauby près d'un casot lors de la plantation de la vigne. Les tombes s'étendent sur presque toute la superficie de la vigne.

La disposition générale se rapproche de celles des cimetières actuel à savoir des tombes alignées et séparées par des passages d'environ soixante centimètres de largeur, elles sont orientées Est-Ouest. Vers le milieu, les tombes semblent former des groupes déterminés.

Au cours des travaux de reconnaissance, neuf tombes ont été entièrement fouillées.

Toutes sont constituées par un assemblage de cinq dalles de schiste, formant un véritable cercueil, plus large à la tête qu'aux pieds. Une sixième dalle, souvent monolithe, forme le couvercle.

Quoique très similaires, il existe cependant quelques particularités, ainsi dans deux tombes (celle de femme) une plaque de protection est disposée en plus au-dessus de la tête.

Les mobiliers funéraires sont peu nombreux et consistent exclusivement en objets de parure, plaques de ceinturon, boucles de ceintures, fibules, anneaux d'oreilles, bagues. Aucune arme, aucun outil n'ont encore été recueillis. Les sépultures d'enfants ne contiennent aucun mobilier, celles des femmes des bijoux de peu de valeur, c'est dans les tombes des hommes que les objets les plus intéressants ont été découverts. Ce sont de grandes plaques de ceinture, à très riche décor d'émail et de verroteries, souvent disposés en motifs cruciformes cantonnées d'étoiles aux branches grêles. L'ornementation est peu fréquente, particulière aux régions méridionales, les parallèles devront être recherchés avec la civilisation wisigothique de l’Espagne.

Autre intérêt majeur de ce site est que le cimetière d’Estagel ne parait pas avoir été violé malgré sa faible profondeur et sa proximité avec le village actuel. Les seuls bouleversements observés sont le fait de phénomènes naturels.

Lors de ces fouilles M. Joseph Averos a offert les objets découverts précédemment par lui au Musée des Antiquités nationales où tout le produit des fouilles est déposé.

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